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Bonne herbe ne s'aerdit oncques à mauvaise terre : Car Amours engendree de tant de pure beauté ne peut morir ne estaindre tant que dure le corps ouquel elle est enrachinee ne ne veul qu'elle estainde, car il ne peut este, si comme j'espoire, que sur aucune petite grace ne soit enrachinee et autrement ne se pourroit faire, car bonne herbe ne s'aherdy oncques a mauvaise terre. (Percef. V, R., c.1450 [c.1340], 112).

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De mauvaise herbe il fait mauvais se farder : Or doinst Dieus tout gent d'ire si bien warder, Leurs coers et leurs manières tellement rewarder, Que de courous et visces se puiscent tout tarder, Car de malvaises hierbes se fait malvais farder. (GILLES LE MUISIT, Poésies K., t.2, c.1347-1353, 78).

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En un four chaud ne croît point d'herbe V. four

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Le blé n'est pas où l'herbe point V. blé

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Mauvaise herbe croît plus vite que la bonne : ...gentil homme n'a aage à tenir terre juques il ait atouchié à XXI an ; et aussi n'est il pas en aage de soy combatre jusques il ait telle aage, comme nous avons dit. Mes la fille si a aage à XV ans. Ainsi povez veoir que mauvese herbe croist assez plus tost que la bonne. (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.1, 1385, 196).

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Male/mauvaise herbe croît volontiers : Mal herbe croist volentiers. (E. LEGRIS, Anc. prov. fr., p.1400. In : Bibl. Éc. Chartes 60, 1899, 587). Mais quand ce mal qui tant me deffortune Vueil accoisier, il s'accroit plus d'ung tiers : Mauvaise herbe croist tousjours voluntiers. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 163). LE MOUTON (répond au loup qui lui rappele qu'il a brouté l'herbe sur son territoire.) Mauvaise herbe croist voluntiers Et la bonne est clere semee. Bonne odeur ist des englentiers, Mais la poncture est mal aimee D'herbe qui croist soubz la ramee ; Ne m'est besoing que soulas aye. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 662).

Rem. Morawski 1164 : Male herbe croist ; Hassell 133, H24 ; DI STEF. 430b, herbe.

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Nourriture sans doctrine est comme herbe sans racine et comme terre sans labour V. nourriture

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On doit mettre à son oeil l'herbe qu'on connaît : Car l'une mort, l'autre esgratine, L'autre point, l'autre a mal s'encline, L'autre regibe, l'autre brait, L'autre envenime de son brait ; Et on doit l'erbe a son ueil mestre Qu'on congnoist, ce dient li mestre. (MACH., D. Lyon, 1342, 2). Si qu', amis, soies sus ta garde Encontre tels gens et t'en garde, Qu'on doit a son oueil mettre l'erbe Qu'on congnoist et qui pas n'enherbe. (MACH., C. ami, 1357, 118).

Rem. Morawski 1045 : L'erbe qu'on connoit doit on mettre a son oeil ; Hassell 134, H25 ; DI STEF. 603b, oeil.
 

"Herbe" : L'erbe y croist verde, freche et belle (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 118).
 

"Herbe" : ...mais, quant a propos, autres choses sont d'une espece presque tres especial et toutevoiez, elles sont de diverses especes tres especialz, si comme pour grace de exemple sont les pommes dont les unes sont de Pepin et les autres de Blancdurel ou d'autre complant ; et ainsi de pluseurs autres plantes, herbes, arbres ou fruiz et ausi de pluseurs bestes (ORESME, C.M., c.1377, 460).

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Herbe amère : Example : l'en plante l'erbe amere pour faire pocion ou medicine. (ORESME, E.A.C., c.1370, 118).
 

"Herbe"

A. -

[Plante utilisée comme remède ou poison] : ...onques (...) Ne trouvay herbe ne racine Qui fust parfaite medicine Pour tel mal estre garissable (Mir. st Sev., 1362, 193). ...faisant ce signe De croiz, sanz autre medicine Ny herbe mettre. (Mir. st Panth., 1364, 317).

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Au plur. : Ore pour ta science acroistre, Il te fault les herbes congnoistre De quoy tes oingnemens feras (Mir. st Panth., 1364, 324). Car encore vous peust mettre Par aventure, dame, a fin Ou par herbes ou par venin. (Mir. Berthe, c.1373, 178).

B. -

Au sing. à valeur coll.

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[Pâture] : Ou tu mourras de male fain, Ou tout temps mais que viveras Conme beste herbe brouteras. (Mir. emp. Julien, 1351, 179).

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[Verdure] : Sa venez, compére Robert. Seez vous sur ceste herbe vert Decoste moy. (Mir. emp. Julien, 1351, 186).
 

"Plante à tige non ligneuse"

A. -

[Sens gén.] : ...quant l'en queust aucunes herbes pour faire medicine, l'en n'y doit faire nulz enchantemens ne garder, en lez cueillent, aucunes observances vaynes (Songe verg. S., t.1, 1378, 394). Et des biens trop grant dégasteur, Dont en terre riens ne demeure Qu'il ne gaste tout et deveure, Bestes, herbes, tous grains et fruiz, Com Nature les a produiz, Pour déliter et pour nourrir Son truant corps, qu'il fault pourrir (LA HAYE, P. peste, 1426, 36). Laictue est herbe commune de froide et moiste nature, et est bonne à digérer et engendre bon sang (LA HAYE, P. peste, 1426, 210). ...ung jardin planté d'arbres et de diverses herbes, entre lesquelles avoit une herbe appellée Herba lucis, de telle vertu que tous ceulx qui la touchoient avoient incontinent acutissime veue. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 69 v°).

B. -

Herbe + adj.

1.

Herbe aquatique. "Plante aquatique" : Et nénufar aromatique, C'est la fleur d'une herbe aquatique (LA HAYE, P. peste, 1426, 138).

2.

Bonnes herbes. "Plantes potagères, légumes" : ...car c'est le jour de la Passion du doulz Jesus, et en celuy jour ne mengeront ne oeus, ne poisson, ne lectage ; mais celuy jour il mengeront bons potages et de toutes bonnes herbes et de tous fruis. (MÉZIÈRES, Sustance H., 1396, 91).

3.

Herbe cordiale. "Plante aux vertus réconfortantes" : Et portion espéciale De mellisse, herbe cordiale, Et les broier fort et quasser, O vin blanc, et puis les passer Par estamine ou autre chose (LA HAYE, P. peste, 1426, 122).

4.

Mortes herbes/sèches herbes : Item, pour seiches herbes depuis la mi septembre jusques à la mi mars, doivent païer pour chacun vache douze deniers et pour le veel VI d. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 97). Item, pasturages pour leurs dictez bestes es mortes herbes du bysson du Lendinc, hors tailles, depuis la mi septembre jusques à la mi mars. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 102).

5.

[Dans un cont. métaph.] Herbe verte : Tu espardras la belle erbe vert de bonnes pensees avecque les flouretes de sainctes meditacions. (GERS., Pent., p.1389, 84).

6.

Herbe vive : De citrules, laictue, endive, Et de pourpié, une herbe vive, Et blans sandaux avecques roses, Egalment de toutes ces choses (LA HAYE, P. peste, 1426, 145).
 

"Étendue naturelle de plantes herbacées peu élevées" : Puis que sommes d'une alÿance Par dessus l'erbe jolÿete, Chantons ung petit a plaisance. (LA VIGNE, S.M., 1496, 265).
 

I. -

"Surface herbue" : ...lors damp Abbés estant sa jambe et par dedens la lye a celle de Saintré, puis tout a coup se deslye et par dehors le trousse, tellement que les piés du seigneur de Saintré furent assez plus hault que la teste, et sur l'erbe vert l'abati (LA SALE, J.S., 1456, 281).

II. -

"Plante herbacée" : Une aultre herbe y a que oncques je ne vis, laquelle ilz appellent ly centofoille, c'est a dire les cent foeulles. Et vrayement ceste herbe n'est point surnommee, car elle a cent fueilles, ne plus ne mains, qui sont toutes a la façon d'um long doit de main. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 74).

-

En partic. "Plante herbacée à laquelle est attribué un pouvoir magique (?)" : Lors le mareschal les fist jurer sur sains Euvangiles que sur la foy que ilz tenoient de Dieu (...) ilz ne portoient ne savoient chose sur eulx, ne entendoient a porter, ne porteroient, comme briez, parolles, charmes, herbes, conjuracions, ne autres diaboliques operacions de mal engin pourquoy l'un contre l'autre ne peussent offendre ne deffendre (LA SALE, J.S., 1456, 125).
 

A. -

"Herbe" : Lors en sa main cueilli de la rousée Sus l'erbe vert ; si l'en a arrousée En tous les lieus de sa face esplourée Si doucement Que la dame qui avoit longuement Perdu vigour, scens et entendement Ouvri les yeus (MACH., J. R. Beh., c.1340, 65). Si vi venir par une estroite voie Verde et herbue Ceste dame qu'avec moy est venue. Si me sambla de maniere esperdue, Si que tantost pris parmi l'erbe drue Mon adresse ay, Et mon chemin droit vers li adressay. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 114). Moult liés de cuer m'acheminay Et tout droit pris mon chemin ay A une sente po batue, Pleinne d'erbe poingnant et drue, Toute arousée de rousée, Car douce estoit la matinée. (MACH., D. Lyon, 1342, 166). Herbe vert ou fleur de genestre Me puet o les bues faire paistre, à son plaisir, Et morir, Sans mentir. (MACH., Lays, 1377, 436).

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[Dans un cont. métaph.] : Et s'elle [Nature] fait d'une racine Yssir fleur, et rose d'espine, Tout einsi fais j'un cuer florir En toute joie, et fais morir En li doleur ; car je l'esserbe, Si que de mal n'i demeure herbe. (MACH., R. Fort., c.1341, 82).

B. -

"Plante" : Sus la riviere Est la prée large, longue et pleniere, Ou on trueve d'erbes mainte maniere. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 111).

C. -

"Branchages dont on jonche le sol" : Messagiers et garsons d'estables Dressent fourmes, trestiaus et tables. Qui les veïst troter et courre, Herbe aporter, tapis escourre, Braire, crier et ramonner Et l'un a l'autre araisonner, François, breton et alemant, Lombart, anglois, oc et norment Et meint autre divers langage, C'estoit a oïr droite rage. (MACH., R. Fort., c.1341, 144).

D. -

En partic. "Herbe, plante ayant des propriétés médicinales" : Car de tous fruis, de toutes antes De tous estos, de toutes plantes, De toutes herbes à racine Qui puelent porter medecine Trueve on là à très grant planté, Que Sarrasin y ont planté. (MACH., P. Alex., p.1369, 210).

-

Loc. On doit mettre à son oueil l'erbe qu'on congnoist : Car l'une mort, l'autre esgratine, L'autre point, l'autre a mal s'encline, L'autre regibe, l'autre brait, L'autre envenime de son brait ; Et on doit l'erbe a son ueil mestre Qu'on congnoist, ce dient li mestre. (MACH., D. Lyon, 1342, 227).
 

Les herbes issent de terre : ...ne les herbes ne nulles doucheurs de raffresquissement ne povoient yssir hors de terre, tant estoient les terres dures et seiches et arses du soleil (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 84).

Montent : Qant la douce saison d'esté fu revenue et le mois de mai, que les blés as camps et les herbes conmencent a monter (...) li contes Derbi (...) s'en retourna a Bourdiaus (FROISS., Chron. D., p.1400, 623).

A1, cheval pâture de l'herbe : ...leurs chevaulx (...) trouvoient de l'erbe à pasturer (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 93).

A1 humain s'assoit sur l'herbe : ...casquns burent et mengierent un petit, et puis s'asissent sus l'erbe et sus le sabelon, attendans le retour des François (FROISS., Chron. D., p.1400, 540).
 

"Herbe" : Elle fist baloiz courre par tout, espandre la belle herbe vert partout en sa chambre (C.N.N., c.1456-1467, 571).

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En partic. "Plantes médicinales" : ...[elle] la medicine de cent mille fassons d'herbes [Une "matrone" soigne une jeune fille malade] (C.N.N., c.1456-1467, 32).
 

A. -

"Plante verte à tige non ligneuse ayant une application médicinale, pharmaceutique ou magique" : Et dist que la boiste sur lui trouvée lui fu faite et baillié par un hermite d'Estrechy, nommé frere Jehan, et en laquele boiste avoit IX feuilles d'une herbe appellé mateflon, laquelle herbe est pour guarir des poux, et sy y avoit une fueille qui garist de mal d'avertin. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 313). Se parti de sondit hostel oudit jour d'uy, et print en sondit hostel des herbes que achetées avoit la veille de la Saint-Jehan derrenierement passée, et en passant par l'oustel de mons. de Bourbon, assez près du Louvre, cueilly un petit d'erbe nouvelle apellée aumosniere, laquelle elle lya et entorteilla environ icellui chappel, qui estoit fait de vieilles herbes (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 328). ...au commandement dudit mons. le prevost, ilz avoient esté veoir et visiter l'ostel et demeure de Hennequin de Ruilly, ouquel ilz avoient trouvé plusieurs herbes, pain benoit, eschaudez de la Saine, herbes, cire vierge et poix (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 341).

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Herbe aumosniere. V. aumosniere

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Herbe terrestre. V. terrestre

B. -

"Plante, végétation qui couvre les prés, les pâturages" : ...ledit deposant (...) en passant par la conté du Perche, trouva enmi les champs une jument qui paissoit herbe en un champ (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 108).
 

A. -

"Plantes qui forment le gazon des pâturages" : ...jou susdit panse avoir poyé, par la main dudit Beruel, et par ung pont que a fait faire à l'Art, à cause que les fédes puyssent aller mangier les herbes au molin-neuf (Comptes roi René A., t.1, 1472, 127).

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P. méton. "Lieu couvert d'herbe où pâturent les bêtes, pré, pâturage" : ...pour trois liaces de cordes joncquières que j'ay comprades, à cause de estacar les mulles à l'erbe auchunes fois (Comptes roi René A., t.1, 1478, 132).

B. -

"Plante potagère" : Maistre Gilles les [sic] mareschal, pour plusieurs semences de herbes semées ou jardin de l'ostel où les genz du Roy sont herbergiez, à Londres. C'est assavoir : 4 livres d'oignonète, 2 s. ; 4 livres de porète, 20 d. ; 1 galon de perrecil, 18 d. ; 5 potiaux de chos, 16 d. ; 1 potel d'arrache, 4 d. ; demi galon de bourraches, 12 d. ; demie livre de létues, 12 d. ; galon et demi de bètes, 10 d. ; ysope, 6 d. ; pourpre, soucie, creçon orlenois, langue de buef et plusieurs autres, 10 d. (Comptes argent. rois Fr. D.-A., I, 1359-1360, 245). À l'ortelan du grand jardin qui a apporté des lestues au roy, et des autres herbes. (Comptes roi René A., t.3, 1476, 294).